La vie de maman.

Comme c'est compliqué.

Être mère, avoir une vie active, une vie sociale et être en couple demande un effort surhumain à notre époque. On doit jongler entre mille choses.

Mais le bonheur est immense quand on voit nos enfants grandir, s'épanouir, apprendre et... Sourire.

Et puis, on nous balance que nous sommes malades.

J'ai vu que vous êtes allée au-delà du scanner. Vous avez refait une échographie ainsi qu'une ponction.

Les cellules sont malheureusement cancéreuses.

L'hématologue

Voilà. Prends cela dans la figure !

En quelques secondes, tu penses à la maladie, au futur, à ton compagnon, à la vie que tu menais et puis, surtout, à ton enfant.

A cet être qui est tout pour moi depuis la seconde où j'ai posé mes yeux sur lui.

Mon petit être s'appelle Noah et il a 4,5 ans. Et je l'aime d'un amour incroyable, indescriptible, fort, intense.

Ayant des soucis de couple avec son papa, je me suis très (trop) rapprochée de lui. Nous sommes fusionnels depuis le début. La séparation définitive avec son papa nous a permis à apprendre à vivre l'un sans l'autre de temps en temps car ce n'était vraiment pas gagné, au début.

Je l'ai allaité pendant onze mois, clamant haut et fort, que c'était aussi, entr'autres, pour éviter d'avoir un cancer du sein. J'adorais ces moments.

Depuis qu'il est tout petit, je lui explique tout, sans rien lui cacher. Étant institutrice, je pars souvent des livres ou je trouve les mots justes. Je préfère tout lui dire, beaucoup lui parler et lui expliquer.

Voilà donc le jour du diagnostique. La journée passe...

Je vais le chercher à l'école.

Il savait que je n'allais pas travailler car je devais encore aller voir un docteur pour trouver ce qui rendait malade maman.

Mon petit cœur, je suis allée voir le docteur ce matin.
Je sais enfin ce qui me fait mal et qui donne une grosse boule près du sein.
C'est une très vilaine maladie qui veut attaquer tout le corps de maman.
Heureusement, il existe un médicament pour me soigner mais ce médicament va faire du mal à maman en plus de tuer la maladie.

Je vais devoir avoir un médicament qui va tuer tout ce qui pousse très vite dans le corps : les poils, les cheveux, les soldats qui me protègent des rhumes, etc. Je vais également être très fatiguée car le médicament est vraiment très très puissant.

Mais je vais avoir besoin d'un deuxième médicament... Toi ! Tu seras celui qui va me soigner, comme tu es le médicament de Bonne-Maman.

Il m'a écoutée. Il a dit oui, oui, oui... Tout en me racontant sa journée à l'école. Il n'a pas vraiment posé des questions au moment-même. Je pense ne pas lui avoir laissé le temps d'en poser. Je parlais, parlais, parlais... :-)

Toujours avec le sourire. Il faut garder le sourire. Il a besoin de me voir sourire, mon Noah. Quand je souris, il sait que je vais bien et qu'il peut avoir confiance !

Ensuite... Arrivent différentes questions à différents moments...

Maman, si tu perds tes cheveux, tu vas devenir un garçon ?

Maman, les petites filles de ma classe peuvent avoir la maladie ?

Tu resteras belle, même sans cheveux, maman.

- Viens, mon cœur, on fait une photo à deux !
- Tu ne mets pas ta perruque ?
- C'est juste pour tester mon nouveau GSM.
- D'accord mais tu ne la mets pas sur Internet.

o_O ahahahahahahahahahaha

Le lendemain, je demande déjà à mon amie Julie (sa Tata de cœur) de s'en occuper car je suis déjà coincée à l'hôpital pour la stimulation ovarienne.

Je sais qu'il est bien gardé et bien entouré par tous mes collègues qui étaient en réunion.

Ensuite... S'enchaînent différents examens.

Puis... La première chimiothérapie.

Pendant la chimio, je lui ai parlé via Skype et je lui ai montré mon piccline, le produit qui coulait, la chambre, etc.

Toujours avec mon sourire pepsodent. :D

Je n'ai pas voulu le garder les jours suivants car je ne voulais pas qu'il me voit mal.

On se voyait par Skype.

Ensuite, il y a eu quelques soucis comme la thrombose, la neutropenie... En 21 jours, je ne l'ai malheureusement pas vu souvent. Il était chez son papa ou ses grands-patents paternels.

Et ça, c'était dur.

Accepter d'être une larve... Accepter de ne pas pouvoir jouer avec Noah comme avant. Accepter de ne pas pouvoir aller faire du vélo avec lui car faire deux mètres m'essoufle... Accepter de ne plus pouvoir grimper dans son lit en hauteur pour le câlin du soir car j'avais mal partout... Accepter de ne pas/plus l'accompagner à l'école...

Bref, le sourire pepsodent m'a alors quitté quelques fois, surtout le soir. Mais je ne le lui cachais pas. Il me demandait pourquoi je pleurais et je lui expliquais que j'étais triste d'être malade, triste de ne pas pouvoir bien m'occuper de lui et surtout, que j'avais quand même peur car c'était une maladie grave. J'ai commencé à parler du mot cancer.

On m'a expliqué que c'était important de le dire car il devait pouvoir réagir à l'école si un copain lui disait : ta maman a un cancer, elle va mourir.

Donc, je lui ai dit que ma maladie pouvait me tuer.

Il m'a dit qu'il ne voulait pas que je meurs.

J'ai pleuré encore plus fort en lui disant que je ne comptais pas mourir, que je ne comptais pas le laisser et que j'allais justement être plus forte que la maladie en la combattant.

En un mois, Noah a gagné énormément en maturité et a encore grandi. Il aimait faire son "bébé" pour que je l'habille, l'essuie, le lave, lui lave les dents.

Il fait tout tout seul, désormais, juste parce qu'il veut me soulager. Il pense toujours à moi. Il porte les courses jusqu'au deuxième...

Il accepte volontiers que l'on regarde un DVD pour me permettre de dormir... :-)

Je suis fière de lui.

Il est ma vie. Il est ma bataille. Il est mon médicament. Il est ma force.

La vie de maman.

Et j'ai bien aimé quand il m'a dessinée avec les cheveux qui tombaient... :-)

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